COMMENT PRÉVENIR LE RISQUE INFECTIEUX EN ÉTABLISSEMENT SANITAIRE ET MÉDICO-SOCIAL
470 000 cas d’infections associées aux soins (IAS) surviennent chaque année en France, entrainant notamment de nombreux décès.
Pourtant, la Haute Autorité de Santé estime que 20 à 30% de ces IAS sont évitables.
Prévenir ces risques infectieux est donc un enjeu-clé des établissements sanitaires et médico-sociaux : il en va non seulement de la sécurité des patients et personnes accompagnées, mais aussi de celle des professionnels, et enfin de la qualité globale des soins apportés en établissement.
Au premier rang des bonnes pratiques à diffuser et adopter en établissement sanitaire ou médico-social, se trouvent les bons gestes en vue d’une hygiène irréprochable.
AGEVAL vous accompagne : notre équipe vous met à disposition un kit d’affiches à télécharger et placer dans votre établissement, afin de permettre à vos usagers et professionnels de se remémorer les bons réflexes, indispensables pour prévenir les risques infectieux !
Au menu, deux affiches :
- ✓ les bons gestes pour prévenir le risque infectieux ;
- ✓ comment bien se laver les mains.
Pour télécharger vos affiches, cliquez sur le bouton ci-dessous !
Depuis de nombreuses années, et cela s’est accentué avec l’apparition du COVID-19, la maîtrise du risque infectieux est un enjeu majeur dans les établissements de soins.
D’après Santé Publique France, une personne hospitalisée sur vingt contracte une infection lors de soins.
De plus en plus, nous observons l’émergence de bactéries multi-résistantes (BMR) ou de bactéries hautement résistantes (BHre) qui résistent à de nombreux antibiotiques. Certaines maladies refont surface en France car la couverture vaccinale est en berne (pensons notamment au virus de la rougeole). Les conséquences peuvent être dramatiques pour les personnes les plus fragiles (en 2015 en France, 5500 personnes sont décédées à cause d’une BMR), et ce, sans compter l’impact négatif sur les organisations de soins dans les structures…
Le risque infectieux n’est donc pas à prendre à la légère. Il est essentiel de le maîtriser afin d’assurer la sécurité des usagers, mais aussi celle du personnel.
Dans cet article, je souhaite vous apporter mon expérience de responsable qualité, sur les moyens de prévention et de maîtrise du risque infectieux.
Je partagerai avec vous des outils que j’utilise au quotidien, ainsi que les processus que nous avons adoptés.
Cet article s’adresse bien évidemment à un public des référents hygiène, mais pas seulement !
Il sera également utile pour toute personne qui souhaite contribuer à développer une culture de l’hygiène dans son établissement.
Au programme :
- 1. comprendre le risque infectieux en milieu sanitaire et médico-social ;
- 2. les outils pour prévenir le risque infectieux ;
- 3. l’approche collective de la gestion du risque infectieux.
Bonne lecture !
Comprendre le risque infectieux en milieu médico-social et sanitaire
Qu’est que le risque infectieux ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, commençons par une définition simple du risque infectieux.
Dans le cadre des secteurs sanitaire et médico-social, le risque infectieux est l’ensemble des causes qui peuvent contaminer une personne.
Les conséquences du risque infectieux sont ce que l’on appelle les « infections associées aux soins » (anciennement appelées « infections nosocomiales »), autrement dit la personne a été contaminé durant son séjour dans l’établissement.
On retrouve le risque infectieux dans l’ensemble des services d’un hôpital ou d’un ESSMS, aussi bien dans les soins, la restauration, la lingerie, l’hygiène des locaux, la maintenance…
Par la variété de formes et d’environnements possibles pour ce type de risque, il est essentiel de le maîtriser afin de garantir la sécurité des usagers et du personnel.
Dans le cadre des secteurs sanitaire et médico-social, le risque infectieux est l’ensemble des causes qui peuvent contaminer une personne.
Le risque infectieux dans la réglementation
Dans les domaines sanitaire et médico-social, le risque infectieux est évalué par la Haute Autorité de Santé (HAS).
Pour les deux secteurs, les attendus sont assez similaires :
- ✓ une stratégie définie par la gouvernance, avec un plan d’actions et des objectifs clairs à atteindre ;
- ✓ l’observation du terrain, en auditant les pratiques des professionnels ;
- ✓ la mise en place d’indicateurs, afin de suivre l’évolution des pratiques d’hygiène ;
- ✓ la communication auprès des professionnels, via des actions de sensibilisations ou de formations.
Ces quatre points ci-dessus sont la base de la prévention et de la maîtrise du risque infectieux.
Nous conseillons de bien les appréhender car ils sont les piliers pour limiter ce risque.
Dans la suite de l’article, nous y reviendrons plus en détail afin de vous apporter des outils et des pistes de travail.
Vous recherchez un accompagnement personnalisé pour évaluer des risques et prévenir le risque infectieux dans votre établissement ?
Les outils pour prévenir le risque infectieux en établissement sanitaire et médico-social
Après avoir défini le risque infectieux, passons à la pratique : comment développer la démarche de prévention du risque infectieux au sein de votre structure ?
Précisons qu’il n’y pas d’outil magique. Toutefois, ils ont tous leurs points forts et leurs faiblesses, mais tous combinés, ils permettent d’avoir une vision claire et d’agir sur les pratiques d’hygiène, au niveau organisationnel comme au niveau des pratiques d’hygiène.
La sensibilisation au risque infectieux en interne
Nous n’aborderons pas les formations ici, même s’il semble essentiel de proposer aux professionnels les moyens d’approfondir leurs connaissances sur les bonnes pratiques d’hygiène. Chaque établissement a son plan de formations défini en fonction de ces besoins.
Nous allons plutôt nous attarder sur les sensibilisations en interne, ces petites piqûres de rappel qui sont toujours utiles.
Les sensibilisations sont des temps d’échanges avec les professionnels et l’occasion de répondre à leurs questions et défaire de fausses idées.
Pour être un maximum efficaces, ces sensibilisations gagnent à être :
- ✓ courtes : le temps est précieux pour tout le monde, il s’agit de ne pas mettre en retard vos collègues dans leurs tâches du quotidien, car le temps passé en sensibilisation est du temps en moins auprès des patients/personnes accompagnées.
De plus, plusieurs études nous révèlent que la concentration d’un adulte est d’environ 25 minutes, donc mettons de côté les sensibilisations qui durent une heure.
Allons à l’essentiel, synthétisons le message à faire passer afin de vraiment insister sur les informations importantes. - ✓ régulières : c’est la répétition des informations qui va petit à petit instaurer une culture sur les bonnes pratiques d’hygiène.
Je vous conseille de réaliser 2 à 3 sensibilisations par an et plus si vous disposez d’une équipe hygiène. - ✓ ludiques : mettons fin à la lecture de power-points… Place aux sensibilisations qui font bouger les professionnels !
De plus en plus, les réseaux d’hygiène, CPias (Centre d’appui pour la Prévention des infections associées aux soins) et autres développent des jeux pour sensibiliser les équipes.
J’ai ainsi pu mettre en place un « escape game » centré sur les bonnes pratiques d’hygiène et sincèrement, je ne m’attendais pas à un tel succès.
Concernant les thématiques à aborder, le sujet est plutôt vaste. On retrouve les grands classiques tels que : hygiène des mains ; précautions standards et complémentaires ; gestion des épidémies IRA et GEA ; utilisation des gants/masques/tabliers jetables ; vaccination ; gestion des excreta ; DASRI ; AES…
A titre d’exemple, je vous présente la petite routine annuelle qui s’est installée avec nos référents hygiène :
- ✓ en novembre, nous faisons un rappel aux équipes sur la gestion des épidémies (IRA/GEA/COVID) avec un focus sur les précautions complémentaires et la vaccination ;
- ✓ en janvier et en mai, nous combinons un audit hygiène des mains avec « la boite à coucou » et un temps de sensibilisation. C’est ludique, rapide et tous les professionnels sont sensibilisés. Nous en profitons pour faire un point sur les ongles, vernis et bijoux.
- ✓ dans l’année, dès qu’un protocole hygiène est travaillé ou suite à un audit, nous faisons un retour rapide aux équipes par affichage et/ou lors des transmissions.
Les indicateurs utiles pour prévenir le risque infectieux
L’indicateur est un outil qui mesure l’efficacité d’une organisation, des procédures mises en place dans l’établissement.
Il nous permet de suivre l’évolution d’une situation. Il peut être quantitatif (basé sur des éléments chiffrés) ou qualitatif (lorsqu’il se rapporte à des perceptions ou opinions).
Si vous ne deviez suivre qu’un seul indicateur hygiène, ce serait sans l’ombre d’un doute l’ICSHA (Indicateur de Consommation de Solution HydroAlcoolique).
Comme son nom l’indique, son objectif est de suivre la consommation de gel hydroalcoolique.
Nous savons tous en effet qu’une bonne hygiène des mains limite grandement le risque infectieux.
Si vous êtes dans le secteur sanitaire, vous êtes sûrement familier avec l’ICSHA via les campagnes IQSS. Pour les autres secteurs, vous trouverez aisément sur le site des CPias des outils pour le calculer automatiquement. Dans tous les cas, un outil de gestion et pilotage de vos indicateurs vous sera très utile !
A vous de jouer pour définir quels indicateurs vous semblent pertinents à suivre dans votre établissement.
Dans les EHPAD où j’interviens, nous suivons l’ICSHA et deux autres indicateurs hygiène : la consommation de tabliers à usage unique et la consommation de gants.
Ces trois indicateurs sont relevés tous les trimestres par les agents technique lors des sorties de stock.
Ils nous permettent de suivre la bonne utilisation des équipements de protection par les soignants.
Si les indicateurs baissent, nous enclenchons des actions de sensibilisation ou des audits terrains.
Les audits incontournables dans la prévention du risque infectieux
Il existe deux catégories d’audits que l’on peut utiliser pour prévenir le risque infectieux : les audits système et les audits des pratiques.
Avant de rentrer dans le détail de ces deux types d’audit, je vous propose de souligner l’importance de l’audit : l’audit est un « état des lieux ».
Si vous partez de zéro dans votre structure, je vous conseille vivement de débuter par un audit. Vous pourrez mettre les choses à plat et définir les priorités, car il est possible de rapidement se perdre sans objectifs clairs à atteindre.
Tout d’abord, évoquons l’audit système.
Son rôle est d’évaluer l’organisation mis en place dans la structure pour lutter contre le risque infectieux.
Nous auto-évaluons nos pratiques en fonction des recommandations/législations existantes. Pour cela, il existe un excellent outil gratuit : le DAMRI (Démarche d’Analyse et Maîtrise du Risque Infectieux).
Construit par un groupe de travail inter-CPias et porté par le CHU de Besançon, il a été développé pour le secteur médico-social mais vous pourrez facilement le transposer pour le sanitaire, les IEM, FAM, SSIAD… Vous pourrez y aborder l’ensemble des circuits qui composent votre activité (soins, restauration, lingerie, animation…).
Une fois l’audit renseigné, vous aurez une vision claire des axes à améliorer.
Ensuite, intéressons-nous à l’audit des pratiques.
L’audit des pratiques correspond à l’observation du terrain.
Pour faire un audit des pratiques, vous aurez besoin d’une grille d’audit élaborée à partir de vos protocoles en interne ou en fonction des recommandations.
Pour créer une grille d’audit sur les risques infectieux, des modèles sont disponibles en ligne (voir la partie « Ressources » de cet article), ou au sein de votre logiciel de pilotage de la qualité.
A la fin de l’observation, il est utile de prendre un peu de temps avec la personne pour faire un débriefing. C’est le moment idéal pour revenir sur ce qui a bien fonctionné et refaire un point sur les recommandations s’il y a des pistes d’amélioration.
Mon propre retour d’expérience est le suivant : tous les deux ans, nous réévaluons notre organisation avec le DAMRI.
Nous réalisons une à deux campagnes d’audits des risques infectieux par an, généralement centrées sur l’hygiène des mains et sur la bonne utilisation des équipements de protection (gants et tabliers jetables).
De plus, tous les deux ans, un infirmier hygiéniste de notre réseau hygiène départemental vient nous auditer.
Les ressources dédiées à la prévention du risque infectieux
Si vous avez peu de temps dédié à l’avancement de la démarche de prévention du risque infectieux dans votre établissement, la magie d’Internet est là pour vous servir.
De plus, de nombreux organismes produisent d’excellentes ressources sur cette thématique.
Pour vous faire gagner du temps, voici un petit tour d’horizon des ressources qui sont à votre disposition pour vous aider :
- ✓ dans chaque région, il existe les CPias (Centre d’appui pour la Prévention des infections associées aux soins) qui assurent la mise en œuvre des orientations de la politique de santé et notamment sur la prévention des infections associées aux soins. Voici le lien vers le site national qui regroupe toutes les ressources de chaque CPias et plus encore. Vous y retrouverez de nombreux protocoles mis à jour régulièrement, des grilles d’audits, des ateliers de sensibilisation,… ;
- ✓ dans certains départements, il existe des relais territoriaux en hygiène/équipe mobile d’hygiène qui peuvent apporter un soutien aux établissements de santé et médico-sociaux, pour les aider à développer leur démarche de prévention ;
- ✓ le RÉPIA (Réseau de Prévention des infections et de l’Antibiorésistance) piloté par Santé publique France, propose également de nombreuses ressources, que j’utilise fréquemment pour sensibiliser les équipes en interne ;
- ✓ les guides de recommandations de bonnes pratiques, et notamment ceux de la Société française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) qui a écrit plusieurs guides sur les bonnes pratiques en matière d’hygiène.
L’approche collective de la gestion du risque infectieux
Nous venons de voir ensemble plusieurs outils à mettre en place afin de maîtriser le risque infectieux.
Certains d’entre vous peuvent se dire : « il y a trop de choses à faire, par où commencer». Comme le dit l’adage : « Rome ne s’est pas faite en un jour ».
Je vous rassure : de mon côté rien n’est parfait, certaines choses fonctionnent bien et d’autres beaucoup moins. Mais nous avançons car l’enjeu de toutes ces actions est important : garantir la sécurité des usagers et aussi celle des professionnels.
Dans cette dernière partie, nous ferons un focus sur l’organisation à mettre en œuvre afin de coordonner toutes ces actions de la manière la plus efficace possible.
Pour cela, je vais vous détailler ma propre expérience en secteur médico-social, au sein d’un EHPAD :
- ✓ nommer un ou des référents hygiène.
Le référent hygiène sera le moteur de votre organisation, il est donc impératif de lui donner du temps afin qu’il puisse avancer sur les projets.
En EHPAD, nous avons un binôme IDE/AS et qui dispose d’une journée tous les deux mois. Ces personnes sont formées par le réseau hygiène du département et participent aux réunions d’informations du réseau 2- ou 3 fois par an. - ✓ définir un plan d’actions.
Il est essentiel d’avoir un cap clair et défini pour avancer sereinement.
Pour cela, chaque année nous définissons un plan d’actions, qui contient une dizaine d’actions maximum.
Nous y retrouvons plusieurs actions similaires d’année en année (par exemple : sensibilisation hygiène des mains, audit sur le port de équipements de protection), et nous y incluons de nouvelles actions qui proviennent soit du DAMRI, soit des nouvelles recommandations ou encore des remontées du terrain.
Ce plan d’actions est validé en interne par le directeur, le médecin coordonnateur et la cadre de santé. Les référents gagnent en légitimité et peut avancer en autonomie sur les actions. - ✓ aborder l’hygiène dès l’intégration d’un nouveau professionnel.
Pour instaurer une culture de l’hygiène, chaque cadre aborde les bonnes pratiques d’hygiène dès l’intégration d’un nouveau professionnel.
Nous disposons d’ailleurs d’un livret d’accueil spécifique consacré à cette thématique. - ✓ inclure les usagers dans la prévention.
Les patients/personnes accompagnées et leur entourage ont un rôle à jouer pour limiter le risque de contamination. Cela passe essentiellement par une bonne désinfection des mains. Dans tous les lieux de passage, de la Solution HydroAlcoolique (SHA) est à disposition des usagers. Comme à la maison on se lave les mains avant de manger, nous proposons du SHA aux résidents avant les repas et au début de chaque animation.
En conclusion, vous connaissez maintenant les différents leviers à actionner pour développer cette culture de l’hygiène dans votre établissement.
Il peut être complexe de répéter les mêmes choses continuellement, mais l’enjeu à la clé est très important.
Les derniers conseils que je me permettrai de vous donner sont : avançons petit pas par petit pas en consolidant ce qui a été mis en place et gardons toujours sourire et bienveillance !
Article rédigé par David Pehourcq, Responsable qualité depuis 2016, dans différents secteurs : agroalimentaire, sanitaire et médico-social. Je travaille actuellement sur 5 EHPAD autour d’Angers. Je prône une démarche qualité simple et pleine de sens, centrée sur les besoins des usagers et des professionnels.
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